L'Agence de l'eau Rhône-Méditerranée & Corse, établissement public de l’Etat, incite et aide, à l’échelle de ses bassins versants, à une utilisation rationnelle des ressources en eau, à la lutte contre leur pollution et à la protection des milieux aquatiques.

mardi 13 mars 2012

Regards croisés sur la gestion des ressources en eau en Méditerranée par le BRGM

Espace France - Regards croisés sur la gestion des ressources en eau en Méditerranée
lundi 12 mars

La conférence a commencé par une mise en contraste des évolutions Nord-Sud : au Nord, on observe une stabilisation des consommations et des pressions sur les ressources, ainsi qu’un rééquilibrage en termes d’utilisation (entre irrigation et autres usages). Au Sud, la situation est plutôt à l’opposé… L’augmentation des pressions et des consommations y est rapportée à la croissance démographique et non à la croissance économique. Peut être regrettera-t-on une impression de comparaison rapide. Ce déséquilibre est d’autant plus important si on tient compte de l’eau virtuelle (correspondant aux produits alimentaires importés) qui représente la moitié de l’eau réellement consommée. Il apparaît comme nécessaire de tenir compte de cette eau, seulement, aucune démarche concrète ni explication n’a été mise en avant.

Le Président du BRGM, Jean François Rocchi, a évoqué la nécessité de lutter contre les conflits d’intérêts des instances chargées à la fois des questions d’agriculture et de gestion de l’eau. « La gouvernance doit progresser ». Nous adhérons à cette position mais la suite de la séance ne nous a pas permis d’aborder les solutions à suivre face à ce constat. Le système français a tout de même été mis en avant : la France ce serait libérée de ce problème de conflits d’intérêt depuis la loi sur l’eau de 1964 et l’apparition des agences de l’eau. Or il nous semble que malgré l’institutionnalisation de la gestion de l’eau, l’agence de l’eau n’est indépendante que financièrement, elle souffre d’un manque d’autonomie décisionnelle et le conflit d’intérêt reste entier. Le recours européen au sujet des nitrates en est une preuve évidente. Ce qui nous conduit à poser la question suivante : la meilleure gouvernance possible n’est-elle pas celle qui prendrai en compte les générations futures ?

Au fil des interventions, certaines questions ont été soulevées : ainsi, a été abordée l’influence de l’amont sur l’aval, peut-être trop rapidement évacuée pour ce qui concerne les eaux transfrontalières, mais détaillée de façon plus intéressante pour les ressources souterraines. On retiendra toutefois l’intervention de M. Laâbidi sur la nappe aquifère de Gabés dans le sud tunisien, fortement dépendante des usagers d’Algérie, Tunisie et Lybie. La coordination mise en place pour la gérer demeure trop technique et n’intègre pas les usagers ni la spécificité de leurs comportements. L’intervention du public, par ailleurs, a permis de mettre en évidence l’acuité du problème et des problématiques connexes sur cette nappe.

Une des solutions majeures soulevées pour faire face à la pénurie de ressources est la réutilisation des eaux usées. Elle a été surtout abordée par la problématique de la qualité, celle de l’acceptabilité des usagers par rapport à cette ressource l’a été trop rapidement et on regrettera tout particulièrement que dans l’exemple tunisien, la lumière n’ait pas été suffisamment faite sur l’absence (ou tout au moins) le manque de consultation en amont et de communication en aval des expérimentations. Cela pourrait être une des causes à l’origine des réticences des agriculteurs et des consommateurs.

Peu de questions ou de commentaires ont été soulevés par le public. On retiendra toutefois les interventions suivantes :
  • Monsieur Chedli FEZZANI, Directeur d’OSS (Observatoire Sahara Sahel) a évoqué la nécessité de mise en place d’une gestion différenciée des eaux, critiquant notamment l’utilisation d’eau potable par des industriels aptes à réaliser eux même la dessalinisation. Suite à la conférence, nous sommes allés à sa rencontre, il nous a exposé la nécessité d’informer les agriculteurs sur le « véritable prix de l’eau » (car elle est subventionnée en Tunisie) et sur les impacts de leurs pratiques. 
  • Selon un membre du public, et cet avis semblait partagé, la question de la gestion de l’eau en méditerranée ne peut pas être dissociée de la question énergétique. Ainsi a été évoqué le potentiel de l’énergie solaire pour dessaler l’eau de mer ou l’eau de captage. Mais que faire des saumures ?
  • Quelqu’un travaillant pour la protection des zones humides méditerranéennes a fait remarquer aux intervenants le caractère anthropocentrique des présentations, excluant les besoins des êtres vivants non humains et les services écosystémiques qu’ils procurent. Le directeur du BRGM lui a répondu qu’on ne pouvait pas traiter tous les sujets, mais qu’en effet les « petites bêtes » devaient être prises en compte.
Emmanuel, Mastère spécialisé PPSE, AgroParisTech-ENGREF
Mehdi, École des Ingénieurs de la Ville de Paris

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