L'Agence de l'eau Rhône-Méditerranée & Corse, établissement public de l’Etat, incite et aide, à l’échelle de ses bassins versants, à une utilisation rationnelle des ressources en eau, à la lutte contre leur pollution et à la protection des milieux aquatiques.

mercredi 21 mars 2012

De l’humanité dans les politiques de l’eau

Racines et citoyenneté : Vers une éthique et une spiritualité de l’eau
jeudi 15 mars

Ce sujet hors normes étonne dans ce forum où se croisent les plus grands responsables mondiaux de la question de l’eau. Pourtant, ce petit groupe composé de penseurs et de chercheurs de différentes origines et confessions a rassemblé un auditoire nombreux. Est-ce à croire que les discours techniques et politiques lassent et qu’il devient nécessaire de retrouver le sens de l’action en faveur de l’eau ? Les raisons rationnelles pourraient pourtant suffire : tant de millions de personnes dans le monde souffrent de la soif ou de problèmes sanitaires liés à l’eau.

Pourtant, l’ « irrationnel » - ou plutôt les formes de rationalité rendues non conventionnelles par notre époque et la culture occidentale - peut être tout aussi primordial pour un grand nombre de personnes. Les perspectives "humanisantes" paraissent nécessaires, comme fondement aux notions économiques et technologiques qui, seules, peuvent être froides et peu propices à l’épanouissement des êtres. En effet, la relation entre l’Homme et l’eau est particulière, et ce depuis les toutes premières civilisations. Déjà parce que l’Homme est composé à plus de 65% d’eau. Mais aussi parce que l’eau, complexe et ambivalente, est tout aussi bien symbole de vie, de fécondité et d’échange que de mort, de destruction et de séparation. Depuis les origines de l’humanité, elle a une dimension métaphysique reconnue par toutes les cultures et les spiritualités du monde. L’eau est donc un élément commun, un lien entre les Hommes.

L’eau est également la base de nombreuses valeurs fondatrices : la Création du monde dans les différentes cosmogonies, l’indépendance, la renaissance, le mouvement, le transcendant, l’utopie, la paix. L’eau est aussi source d’inspiration dans l’art et l’esthétique. Tous les ouvrages de génie civil qui s’y attachent sont magnifiés et consacrés : ponts, fontaines, viaducs, temples... Pour ces raisons, toutes les civilisations étaient traditionnellement sévères avec ceux qui salissaient ou détérioraient l’eau. Aujourd’hui il pourrait être bon de renouer avec cette sagesse, et de redonner une place centrale au respect, à la préservation, à la juste utilisation et au partage de la ressource.

Mais que signifie de nos jours retrouver une éthique de l’eau ? L’éthique est ce qui oriente et définit nos actions, et elle est à ce titre sous-jacente à l’action politique. C’est pourquoi il parait tant nécessaire d’oublier les tabous et de lui redonner une place centrale et explicite. C’est peut-être la seule façon de dépasser les petits ajustements, d’aller au-delà des logiques d’appropriation et de domination pour concevoir enfin d’autres modèles et s’engager dans de réelles alternatives de société. D’ici là, les valeurs éthiques peuvent déjà être utilisées pour motiver l’action, éduquer, résoudre des conflits et créer du consensus, ou encore définir des cadres de gouvernance.

Dans ce contexte, le groupe Biosphere Ethics Initiative de l’UICN a initié la rédaction d’une charte intitulée « Marseille Water Ethics », destinée à promouvoir une approche plus éthique de la gestion de la ressource en eau. Nous lui souhaitons bon vent !

Thomas, Mastère spécialisé PPSE, AgroParisTech-ENGREF
Louise, Mastère spécialisé PPSE, AgroParisTech-ENGREF


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