L'Agence de l'eau Rhône-Méditerranée & Corse, établissement public de l’Etat, incite et aide, à l’échelle de ses bassins versants, à une utilisation rationnelle des ressources en eau, à la lutte contre leur pollution et à la protection des milieux aquatiques.

mardi 13 mars 2012

L'argent pour l'eau ne coule pas de source

CS2 INTRO - Mobiliser la finance en faveur de l'eau : besoins et défis
lundi 12 mars

Un public attentif a progressivement rempli la petite salle Callelongue. Moins de la moitié est internationale comme en témoignent le peu de casques servant à relayer les mots des interprètes. La salle est au tiers pleine, tout comme les sièges des intervenants sur l'estrade. De nombreux invités n'ont pas cru bon de se présenter.

La Banque Européenne d'Investissement (BEI) est l'invitée d'honneur, cette institution étant le premier bailleur international dans le domaine de l'eau. Ces dernières années, la BEI a ainsi financé cent-quarante projets liés à l'eau pour un montant de seize milliards d'euros. La conférence débute donc par une introduction au financement des projets liés à l'eau. La principale conclusion est que les investissements doivent non seulement être augmentés en terme de volume, mais doivent également être accompagnés de mesures afin de pérenniser les projets. Quel intérêt en effet de financer plus, si les investissements ont un impact éphémère? Pour la Banque Européenne d'Investissment, il est nécessaire de dépasser la vision simpliste de « Combien cela coûterait d'atteindre les Objectifs du Millénaire de Développement » pour une perspective comprenant les moyens d'y parvenir.

En effet, les investissements liés à l'eau ont pour spécificité d'être nécessairement importants avec un retour à moyen ou long terme. Comment concilier alors les intérêts des investisseurs avec les Objectifs du Millénaire? La question de la provenance des investissements semble diviser les intervenants : quelle solution trouver entre des tarifs payés dans leur intégralité par les usagers et une eau gratuite pour tous, voire subventionnée, et financée par le secteur public.

Le véritable enjeu de la conférence se résumerait en « Comment faire de l'eau une priorité en termes de financement? ». Le Ministre des finances du Laos évoque ainsi une nécessaire coopération entre les ministères au niveau national, l'environnement n'étant pas souvent prioritaire pour le budget. Mais au delà de ce constat, peu de réelles réponses sont proposées. Afin de témoigner de la priorité accordée au sujet de l'eau, la BEI affirme qu'aucune baisse de financement au secteur de l'eau ne s'est produite pendant la crise financière avec la perspective d'une politique contra cyclique. Puis, l'OCDE, représentée par Angel Gurria, prend la vedette à la BEI dès son entrée. Le ton dynamique et affirmé de son secrétaire général reflète la position de l'OCDE par rapport aux pays tels que le Laos ou le Ghana : le leadership. Il réaffirme la spécificité de l'eau qui est qu'elle ne peut attendre, contrairement à d'autres chantiers d'investissement. Les trois sources de financement, dénommées « les 3T », sont présentées : les tarifs, les transferts, et les taxes, sans réels détails. Même s'il n'est pas mentionné, le débat semble porter sur la coordination de ces modes de financement.

Le débat entre les panélistes n'est pas véritable, chaque intervenant présentant à son tour et indépendamment des propos précédents sa position comme si la scène était le seul moyen d'accès à la diffusion de son message. Peu de dialogues, beaucoup de monologues. C'est bien dommage. En charge de la médiation, Sophie Tremoulet de la BEI tente de recadrer les intervenants sur la question centrale : non pas celle de savoir si l'eau est une priorité pour le financement mais de comment en faire une priorité. Une des solutions est finalement présentée par l'OCDE : certains portefeuilles sont basés sur des actifs de moyen et long terme, les projets concernant l'eau sont donc adaptés à ce type d'investissement. Ce sera l'information à retenir, en attendant les autres conférences du groupe CS2 après cette session introductive.

Cécile, Sciences-Po Paris

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